« Un dos et deux ailes… »
Dans les articles précédents, nous avons parlé d’alignement, d’étirement, de renforcement, d’assouplissement… Axant notre regard sur le corps physique et décrivant les principaux outils yoguiques permettant de soulager les maux de dos.
Mais le Yoga ne s’arrête pas là, et révèle toute sa puissance en nous offrant la possibilité de nous libérer de la racine même de la souffrance.
Ce n’est plus un secret, la cause profonde des symptômes physiques se trouve la plupart du temps au niveau psychique. Des émotions ou pensées négatives, alimentées parfois sans le savoir depuis des années, ont des effets redoutables sur notre santé. La peur, la colère, la haine, la jalousie, la frustration… Nous connaissons bien toute la clique des émotions parasites qui affectent notre corps physique.
De même que nous connaissons bien le stress, cette réaction du corps à un danger, réel ou imaginaire, dont les dégâts sont considérables, en particulier pour le dos.
Mais si la cause profonde de la majorité des maux de dos se trouve sur le plan mental, comment le Yoga s’y prend-il pour accéder à ce niveau ? Quels sont ses outils et par quelle magie pourrait-il bien nous guérir ?
Trois corps sinon rien
À dire vrai, il n’y a rien de magique ici. Le Yoga est une science avant que d’être une pratique. Mais s’il est tentant de parler de magie, c’est parce que nous entrons dans le domaine invisible du monde subtil…
Pour comprendre cela, il faut commencer par rappeler que la science du Yoga affirme que nous n’avons pas un corps… mais trois !
Chacun de nous a bien un corps physique, visible et dense, celui que nous voyons dans la glace et observons vieillir avec parfois quelques frissons. Le Yoga l’appelle Stula Sharira, ou corps grossier.
Mais nous avons également un corps astral, invisible au commun des mortels, et pourtant si essentiel ! Le Yoga l’appelle Sukshma Sharira, ou corps subtil.
Et pour compléter le tout, nous avons encore Karana Sharira, le corps causal, appelé ainsi car il est à l’origine des deux autres.
Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin, car notre véhicule sacré est encore plus sophistiqué. La science du Yoga nous révèle en effet que ces trois corps contiennent cinq enveloppes, ou gaines, appelées Koshas.
La partie visible de notre corps, Stula Sharira, contient une gaine, appelée annamayakosha, la gaine de nourriture. Elle est constituée de la nourriture que nous absorbons, et ainsi formée de matières solides, liquides et gazeuses.
Quant à notre corps subtil, Sukshma Sharira, il contient trois gaines :
- La gaine vitale, pranamayakosha, composée des cinq énergies vitales. Sa forme étant analogue à celle de la gaine de nourriture, on dit qu’elle est son double éthéré.
- La gaine mentale, manomayakosha, constituée du mental conscient, du mental subconscient et des cinq organes des sens.
- La gaine intellectuelle, Vijnanamayakosha, constituée de l’intellect, la faculté à discriminer et prendre des décisions, ainsi que de l’ego, ahamkara, le principe d’assertion de soi.
Enfin, notre corps causal ne contient qu’une gaine, mais pas des moindres, puisqu’il s’agit de la gaine de félicité, anandamayakosha, qui ressent la félicité, le calme, le bonheur…
Tout vient du mental
Maintenant que nous avons mis en évidence l’existence de ces trois corps et de leurs cinq enveloppes, voyons donc comment tout ceci fonctionne.
Si l’on en croit la science du Yoga, nos pensées, émotions et sentiments, se trouvent dans manomayakosha, la gaine mentale.
La Yogathérapie nous explique que s’il y a un dysfonctionnement à ce niveau, par exemple une émotion négative très forte comme la colère, ou une pensée récurrente particulièrement sombre, ce dysfonctionnement va générer des blocages dans pranamayakosha, la gaine vitale. L’énergie ne pouvant plus circuler librement dans la gaine vitale, apparaîtront alors tout naturellement des symptômes dans la gaine de nourriture, c’est-à-dire dans notre corps physique.
Ayant compris ce fonctionnement, la Yogathérapie travaille à guérir chacun de nos corps, en s’attardant tout particulièrement sur manomayakosha, la gaine mentale. Selon elle, 95 % des dysfonctionnements physiques seraient d’ordre psychosomatiques. Derrière presque chaque douleur, symptôme ou maladie, il y aurait une pensée négative qui en serait à l’origine.
Et plus particulièrement, la quasi-totalité des dysfonctionnements physiques aurait le stress pour cause profonde…
Dès lors, nous comprenons bien l’importance, voir la nécessité, d’intervenir sur la gaine mentale afin d’y installer d’avantage de positivité. Mais comment s’y prend le Yoga ? Quels sont ses outils pour travailler sur notre corps subtil ?
Respiration, son, méditation
À vrai dire, toutes les postures sont à elles seules de très bons outils pour travailler sur le plan mental, à condition de les tenir suffisamment longtemps et consciemment. La concentration requise et l’immobilité de la posture vont peu à peu ralentir le flot des pensées et installer davantage de positivité dans notre mental grâce au calme généré.
Mais il y a plus efficace et plus rapide que les asanas, assure la science du Yoga… Il y a le pranayama ! Cette science du souffle a été élaborée sur la base de ce constat : il y a un lien étroit entre notre respiration et notre état mental. « Quand le souffle s’égare, le mental est instable, mais quand le souffle est calme, le mental est calme » lit-on dans le Hatha Yoga Pradipika. Parce qu’ils avaient compris qu’en contrôlant notre souffle, nous pouvions maîtriser notre mental et nous libérer de la tyrannie des pensées, les yogis préconisaient des exercices respiratoires en plus de la pratique des asanas.
Mais il y a encore plus efficace que le pranayama, assure la science du Yoga… Il y a les mantras ! Les mantras sont une combinaison de sons venant de l’alphabet sanskrit. Ils peuvent être des syllabes, des mots, ou des phrases, et sont chantés ou récités mentalement. Leur pouvoir est immense nous affirme les yogis, pour la simple raison que tout est vibration.
Pour bien comprendre l’importance du son dans le Yoga, il faut revenir à sa conception de l’origine du monde. La philosophie indienne explique qu’avant le Big Bang, il y avait quelque chose : Shiva, ou Brahma, la Pure Conscience. Un jour, cette pure conscience explosa, et cette explosion n’est autre qu’OM.
Après le Big Bang, la vibration OM se répandit, et à mesure qu’elle se répandit, elle se contracta et se densifia toujours un peu plus. Elle devint Ether, puis Air, puis Feu… jusqu’à atteindre la forme la plus solide.
Plus précisément, après cette fameuse explosion, la vibration du son OM se transforme à travers 51 états. Ces 51 états sont les 51 lettres sanskrites. Étant donné que nous sommes fait de la vibration du son OM, comme tout ce qui existe dans l’univers, nous avons en nous ces 51 états. Chaque pétale de chakra est une de ces différentes vibrations, un de ces différents états. Lorsque l’on chante les mantras, ces pétales commencent à vibrer, libérant les blocages situés dans notre corps astral. Ceci est la base de la Yogathérapie par les sons.
Les mantras agissent au niveau profond du corps subtil, même quand on n’en comprend pas le sens ! La prière, pourtant très puissante, ne va pas aussi profond…
Les mantras sont plus forts que tout. Ils vont encore plus profond que les asanas et le pranayama. Ils débloquent l’énergie et opèrent un grand nettoyage dans le mental. Seul le son peut avoir un tel accès direct au mental subconscient. C’est une clé pour travailler sur notre manomayakosha…
Mais il y a encore plus profond nous affirme fièrement les yogis… Il y a la méditation ! C’est d’ailleurs à elle que nous mène toutes les autres pratiques, qui ne sont rien moins que des étapes transitoires et préparatoires. Les asanas, le pranayama, les mantras, tout cela nous amène au silence. Et qui dit silence, dit libération du mental…
Conclusion
Les personnes souffrant de maux de dos se tournent de plus en plus vers le Yoga. Pourquoi ? Parce que le Yoga ne se contente pas d’agir sur le corps physique, même s’il est très doué pour cela. En plus d’agir sur nos muscles, nos tissus conjonctifs, nos organes, nos os… il va chercher à déraciner la racine même du mal, dans le plan mental.
Il y parviendra, car à ce jeu-là il est roi. Mais à condition de le laisser faire bien sûr, et de pratiquer avec confiance et patience ! Alors vous verrez, les résultats ne manqueront pas d’arriver. Plus de douleurs dans le dos… mais deux belles ailes déployées pour que vous puissiez enfin voler !