Si les preuves des bienfaits du yoga sur le plan physique paraissent évidentes, dans une philosophie du prendre soin qui s’abstient de toute violence envers soi-même, c’est-à-dire en respectant ses limites -ahimsa-, il est clair que le yoga joue aussi positivement sur le plan psychologique. C’est en tout cas ce que les premières études dans le domaine tendent à démontrer même si la littérature scientifique dans ce domaine n’est pas encore d’une grande densité. On pourra lire (en anglais) l’étude américaine, « Yoga on our minds : a systematic review of yoga for neuropsychiatric discorder »
En France, on trouve bien sûr quelques ouvrages « thérapeutiques » qui aborde ce sujet : Soigner la dépression (du Dr et professeur de yoga, Lionel Coudron), Je soulage ma dépression grâce au yoga (de Mélanie Veyrond)… On peut citer, plus proche de nous, et en faisant fi de la polémique avec son ex-femme, Hélène Devinck, le récent « Yoga », l’autobiographie teintée de fiction, d’Emmanuel Carrère. Grand pratiquant du yoga pendant 30 ans et qui connait très bien la dépression pour l’avoir vécue intensément, Emmanuel Carrère parle notamment de reconstruction après des épisodes de profond désordre mental. Il serait cependant erroné de dire que le yoga permet de guérir de la dépression comme on peut le voir à l’envi sur les réseaux sociaux. Mais incontestablement, le yoga-Paris, comme toute activité physique, a des bienfaits et apaise le mental.
Distinguer « état dépressif » et dépression au sens pathologique
Bien entendu, il importe de faire la distinction entre ce qu’on appelle des « états dépressifs » auxquels nous sommes nombreux à être confrontés, mais qui sont passagers, conjoncturels et la dépression qui est une véritable maladie et qu’on peine souvent à expliquer. Il existe évidemment des solutions allopathiques associées à de la psychothérapie. L’efficacité des antidépresseurs n’est cependant pas toujours avérée, on observe de nombreuses rechutes et le yoga à titre thérapeutique tend de plus en plus à se développer en complément de cet accompagnement classique. Car il importe de considérer que la gravité d’une dépression est souvent sous-estimée et il serait illusoire et fallacieux de vendre le yoga comme un remède miracle. Les quelques études menées dans le domaine, souvent au prix d’une pratique assidue et relativement intense, nous permettent cependant de dire que le yoga aurait des vertus positives.
Les effets du yoga sur la dépression
La dépression se traduit sur le plan physique par une baisse de la circulation d’endorphines.
On notera en particulier un déficit dans le circuit de la dopamine qui explique que la dépression se traduit par de l’apathie,une forte irritabilité, une mésestime de soi, et un circuit de la récompense en berne. Le déficit de sérotonine peut également générer un sentiment d’abattement, un état de fatigue, un manque d’envie
Or, la pratique de postures, l’ancrage dans le sol combiné à des techniques de respiration et de méditation activent le système nerveux. Ces processus fournissent de l’énergie puisqu’elles influent sur la circulation des neuromédiateurs ou neurotransmetteurs et la libération d’hormones. Les postures en fermeture, les méditations et les relaxations renforcent notamment la sécrétion de sérotonine et de mélatonine.
La dépression se traduit souvent par une atonie, une apathie et à certains égards dans ce domaine, le yoga a une dimensionstructurante. Une pratique quotidienne, même de courte durée, redonne « l’envie de faire » car elle a des effets immédiats,en particulier parce qu’elle conduit à reprendre conscience de sa respiration et de la vitalité qui lui est associée, qu’elle oblige à se concentrer sur l’instant présent.
On dit parfois que certaines parties de notre corps sont le lieu de blocage de nos schémas émotionnels les plus complexes. De nombreuses tensions sur le plan psychologique trouvent refuge dans notre corps physique. La somatisation qui découle d’un état psychologique délétère et d’un système nerveux endommagé, est un frein au sentiment de bien-être et on sait que le yoga en activant nos chakras, en sollicitant certaines parties du corps, tend à apaiser les tensions résultant dudéséquilibre de notre système nerveux. De nombreux témoignages de pratiquants sujets à la dépression attestent par exemple que certaines postures provoquent des crises de larmes incontrôlées qui surgissent de nulle part au milieu des postures.
Dans le cadre des dépressions au moment de la grossesse ou après la grossesse, le yoga semble aussi très profitable, notamment pour les dépressions post partum.
Quel yoga pour la dépression ?
Quant à savoir quel yoga pratiquer, on peut considérer que cela reste très arbitraire. certains préconiseront des yogas plus doux comme le yin, ou le Kundalini yoga-Paris, laissant plus de place à la partie méditative et au mental, d’autres conseilleront au contraire un yoga plus physique permettant d’activer le système nerveux. Parce que physiquement, la personne anxieuse ou dépressive, n’est pas très présente, ses mouvements sont rapides et saccadés, le yoga est un moyen de « retrouver son corps ».
Le yoga nous aide à prendre du recul, à reprendre le contrôle de nos émotions, nous apprend à pondérer les situations anxiogènes ou pouvant générer de la colère. J’apprends à ne pas porter de jugement sur moi-même, à ne plus me fragmenter, à laisser de côté le « moi » paralysant au profit d’un « soi » plus universel qui fait unité. Une unité qui fait défaut dans nos phases dépressives.
Nous rappellerons cependant, que les avis médicaux qui vantent les mérites du yoga, n’obèrent jamais la nécessité d’un traitement, que la dépression sévère est une pathologie lourde et nous ne souhaitons pas dans cet article, laisser entendre que le yoga serait un remède miracle. Mais il est clair cependant que le yoga est une des voies possibles de la guérison.